Le procès qui s’est ouvert aujourd’hui dans le Nord devra déterminer si l’ex-directeur du FMI Dominique Strauss-Kahn était la tête, même implicite, d’un réseau de proxénètes qui comptait Lille, Paris et Washington parmi ses principaux débouchés.
Dominique Strauss-Kahn, 65 ans, s’est présenté ce matin à la barre du tribunal correctionnel de Lille. Avec 13 autres prévenus, il doit répondre de faits présumés de « proxénétisme en réunion », un lourd et sombre dossier, aux nombreuses ramifications, qui remet sous les feux de l’actualité la question des mœurs déviantes de l’ex-directeur du Fonds Monétaire Internationale (FMI), et le replonge dans son passé trouble et sordide, cinq ans à peine après l’affaire du Sofitel de New York.
DSK trahi par des écoutes téléphoniques
Revenu libre des Etats-Unis après un accord financier passé avec Nafissatou Diallo, la femme de chambre qui l’accusait d’agression sexuelle, DSK risque, cette fois, sur son sol natal, jusqu’à 10 ans d’emprisonnement et 1,5 million d’euros d’amende dans le cadre de cette affaire de proxénétisme dite du « Carlton de Lille », un hôtel situé près de la Grand’Place.
L’établissement 4-étoiles, bon chic bon genre, a employé dans les années 2000 un certain René Kojfer, en charge des relations publiques, pour les chaines Carlton et des Tours. Interpellé en 2011, cet homme de 72 ans, ex-indicateur de la police et franc-maçon, est le nœud qui s’est progressivement serré autour de la gorge de DSK.
Des entrepreneurs du Nord parmi les accusés
Ami du proxénète belge surnommé Dodo la Saumure, il est placé sur écoute dès 2011 et met, involontairement, les enquêteurs sur la piste de l’ancien ministre socialiste, encore prisonnier de l’onde de choc médiatique provoqué par le scandale du Sofitel. Kojfer est soupçonné d’avoir « engagé » au Carlton des prostituées issues de la filière belge gérée par Dominique Alderweireld, dit Dodo la Saumure, et d’avoir mis en relation d’autres femmes avec des entrepreneurs du Pas-de-Calais, parmi lesquels l’ex-directeur de la société matériaux enrobés du Nord, filiale du groupe Eiffage. Parmi les accusés, figure aussi un ancien commissaire divisionnaire de 50 ans, Jean-Christophe Lagarde. Et DSK là-dedans ? Il est établi qu’il a participé à des soirées libertines avec des prostituées, en présence notamment de l’homme d’affaires Fabrice Pazskowski, à Paris et Washington.
Reste à déterminer si l’ancien responsable politique savait tout du réseau dont il se servait pour assouvir ses besoins sexuels, s’il était un « client ordinaire » ou le « pivot central » d’un business qu’il protégeait de son autorité, même implicite.
Depuis le départ de l’affaire, DSK indique avoir toujours ignoré qu’on lui présentait, lors de ces soirées libertines, des prostituées « professionnelles ».