Ancien Premier Secrétaire du Parti Socialiste et chef du gouvernement sous le premier mandat présidentiel de François Mitterrand, Pierre Mauroy fut également maire de Lille pendant 28 ans. Il s’est éteint cette nuit à l’âge de 84 ans.
Il fut le premier ministre de la relance Keynésienne en 1981, celui de l’abolition de la peine de mort, des nationalisations, mais aussi des 39 heures de travail hebdomadaire et de la cinquième semaine de congés payés. Au nom de l’Europe et de ses contraintes communautaires, Il fut aussi le premier ministre du « tournant de la rigueur » décrété en 1983, une date charnière que les parangons de socialisme assimilent encore aujourd’hui à un point de non-retour idéologique pour la gauche.
Eurolille, sa gare et ses bureaux
Surtout, Pierre Mauroy a marqué de sa forte carrure, empreinte d’une bonhommie toute provinciale, un territoire, son territoire, le Nord, où il est né le 5 juillet 1928 : à Cartignies très précisément, une commune située à 90 kilomètres au sud-est de Lille.
Au début des années 1970, après un mandat de huit ans passé au sein du comité directeur de la SFIO, ancêtre du Parti Socialiste, Mauroy, déjà quadra, souhaite se donner une assise locale et brigue la mairie de Cateau-Cambrésis. Mais un coup de fil du maire de Lille de l’époque, qui l’invite à le rejoindre sur sa liste à l’occasion des élections municipales de 1971, le fait changer de cap. Il est élu au Conseil en 1971 et se voit attribuer le premier siège municipal de Lille deux ans plus tard, après la démission d’Augustin Laurent.
Réélu quatre fois, Pierre Mauroy gardera les clefs du beffroi pendant 28 ans. Lille lui doit son Orchestre national, le tunnel sous la Manche, son TGV et le quartier d’affaires EuroLille, le troisième de France. Après avoir passé le relais à Martine Aubry, élue maire en 2001, Pierre Mauroy a conservé, pendant encore sept ans, la présidence de la communauté urbaine de Lille Métropole.
En avril 2012, on lui avait diagnostiqué un cancer du poumon.
Le ministre des Affaires Etrangères Laurent Fabius a évoqué « un pilier du socialisme démocratique » qui « avait la gauche chevillée au coeur, et toujours privilégiait la dimension humaine ». Le Président de la République François Hollande a salué un homme qui « a servi son pays à des moments exceptionnels, sans jamais occulter ses valeurs fondamentales ».