Dans une interview donnée au JDD, la maire de Lille se démarque nettement de la ligne sociale-libérale définie par le président de la République François Hollande et son tandem gouvernemental Valls-Macron.
C’est un relent de primaire socialiste qui a transpiré hier dans les colonnes du Journal du Dimanche. Le tir est parti de Lille, mairie dirigée depuis 2002 par Martine Aubry, ancienne adversaire de François Hollande dans la course à l’investiture pour les élections présidentielles de 2012.
Les propos formulés par l’ex-première secrétaire de la rue de Solférino habillent de barbelés le fossé qui s’était déjà creusé, à gauche, entre les tenants d’une relance économique par la demande des ménages, et les partisans d’un cap socio-libéral fondé sur des baisses fiscales concédées aux entreprises avec, comme point de mire, la remise en cause du modèle social à la française.
En demandant une « réorientation de la politique économique », Aubry choisit clairement son camp, là où, il faut bien le dire, tout le monde l’attendait. Elle se fait le chantre d’une « nouvelle social-démocratie» débarrassée de ses « vieilles recettes libérales». Sa politique, dit-elle «reconnait le marché » mais exige « un Etat stratège pour l’orienter et le réguler ».
Dans son programme « Pour réussir » qu’elle présentera aux Etats-Généraux du Parti socialiste à La Rochelle, elle propose de réserver les baisses d’impôt « aux entreprises qui réinvestissent », de conditionner « toute nouvelle baisse de cotisations à un accord d’entreprise sur la compétitivité et à la formation » et même de « fusionner le CICE avec le Crédit d’Impôt Recherche ».
Elle propose aussi de consacrer « 20 milliards d’euros » au soutien de la croissance par de nouvelles baisses d’impôt, et s’oppose à une réforme de l’assurance-chômage et à un assouplissement du travail dominical.