Un temps pressentie au Quai d’Orsay, la maire de Lille s’est empressée de couper court aux rumeurs en faisant savoir qu’elle « ne souhaite pas entrer au gouvernement ».
Impensable il y a encore un an, la nomination de Martine Aubry au gouvernement s’est, en début de semaine, progressivement révélée comme une hypothèse probable à laquelle François Hollande semblait prêt à se résoudre, malgré les frictions qui l’oppose depuis 2012 à celle qui lui avait tenu tête lors des primaires socialistes.
«Je n’ai jamais rien demandé dans ma vie »
La carte Aubry aurait permis de combler le vide ouvert par le départ de Christiane Taubira, dernière figure majeure de la gauche historique à laquelle les députés frondeurs continuent à s’identifier. Ces derniers jours, des sources médiatiques prêtaient à la maire de Lille des ambitions gouvernementales, notamment en direction du ministère des Affaires Etrangères promis à un jeu de chaises musicales après le départ programmé de Laurent Fabius vers la présidence du Conseil constitutionnel. Un Quai d’Orsay également convoité par l’actuelle ministre de l’Ecologie Ségolène Royal, dans les starting-blocks avec Jean-Marc Ayrault, l’ancien premier ministre évincé en 2014 au profit de Manuel Valls, en quête d’un strapontin pour rebondir dans les hautes sphères du pouvoir.
D’après Le Parisien, Martine Aubry aurait offert ses services à François Hollande, lequel se serait donné quelques jours pour étudier sa candidature. Le choix n’est pas sans risque : ces deux fortes personnalités de la gauche sont à couteaux-tirés depuis de nombreuses années et, depuis son fief nordiste, l’ancienne premier secrétaire du parti socialiste n’a jamais ménagé ses effets pour tirer à boulets rouges sur la politique libérale du gouvernement, impulsé par l’Elysée. En janvier dernier, rejoignant la position de Christiane Taubira, elle avait clairement affiché son hostilité au projet de déchéance nationale défendu par le binôme Valls-Hollande, tout en approuvant « l’état d’urgence » décrété après les attentats parisiens du 13 novembre.
Ce mardi matin, d’autres médias jugeaient « bidon » l’annonce d’une arrivée de Martine Aubry au gouvernement, en raison d’évidentes incompatibilités personnelles et politiques avec ceux qui en constituent l’épine dorsale, les Macron, Valls, Cazeneuve, Le Foll assurés d’un avenir dans la prochaine équipe. Pour couper court aux rumeurs, l’ancienne ministre du Travail de Lionel Jospin a fait savoir dans un communiqué qu’elle ne « souhaite pas rentrer au gouvernement », ajoutant qu’elle « n’a jamais rien demandé dans (sa) vie ».