Dans une tribune diffusée par Le Monde le jour même où Emmanuel Macron présente son projet de loi sur la croissance et l’activité, la maire de Lille juge l’élargissement du travail dominical comme « une régression ».
Dans son quartier général lillois, Martine Aubry fourbit ses armes et s’affirme clairement comme une opposante à François Hollande. Dans une tribune publiée par le journal Le Monde, l’ancienne première secrétaire du parti socialiste torpille sans ménagement l’un des projets phares de la Loi Macron qui vise à libéraliser le travail dominical. Pour la maire de Lille, cette mesure n’est rien moins qu’une « régression qu’il faut combattre au niveau national ». Le mot est fort, l’attaque frontale.
L’Etat providence à bout de souffle, selon Valls
Une manière, pour Martine Aubry, de se démarquer du concept socio-libéral prôné par le couple Valls-Macron qui conduira, selon elle, tout droit à une « société où la consommation, le tout-avoir et la matérialisme seraient l’alpha et l’oméga » au détriment du « care » qui « prend soin de chacun, assure le bien-être des citoyens, les respecte et prépare leur avenir » (elle avait développé cette théorie du care lors de sa candidature aux primaires socialistes en 2011).
La question du travail dominical est, selon elle, incompatible avec cette belle philosophie (venue des milieux féministes américains) que Manuel Valls avait, dès 2010, réduite à « une vieille idée des années 80 inadaptée à la société d’aujourd’hui dont le modèle de l’Etat providence est à bout de souffle ».
Dans sa tribune, la maire de Lille persiste et signe : «Croire que les salariés vont de gaieté de cœur travailler le dimanche, en décalage avec la vie de la société, sous prétexte qu’ils n’ont pas d’emploi ou un salaire majoré, montre une profonde méconnaissance de la réalité. En période de chômage de masse, on ne refuse pas de travailler aux horaires que demande l’employeur».
Elle se dit persuadée qu’une plus grande libéralisation du travail dominical sera défavorable « aux petits commerçants déjà confrontés à la concurrence des zones commerciales », et prédit la « destruction de dizaines de milliers d’emplois, sans compter la dégradation des conditions de vie pour ceux qui survivront».