La maire de Lille s’est rendue à l’Elysée ce mardi, officiellement pour évoquer le dossier de La Redoute avec le Président de la République. Mais, en coulisses, l’ancienne patronne du PS, écartée du gouvernement en 2012, a été appelée par François Hollande lui-même afin qu’elle lui donne son éclairage sur la stratégie à suivre au sommet de l’Etat.
Martine Aubry en visite à l’Elysée ? En soi, c’est presque un évènement tant les relations entre les deux ex-Premiers Secrétaires du PS se sont distendues, surtout depuis leur duel des primaires socialistes dont la violence a laissé des traces.
Il n’empêche que les deux « éléphants » ont besoin l’un de l’autre, le premier pour relancer son mandat présidentiel en proie à une impopularité record, la seconde pour épouser un nouveau destin national avant les municipales de mars prochain dont on l’imagine mal se défausser après « coup ». Pour François Hollande, Martine Aubry, en retrait de l’exécutif et épargnée, de fait, par la gabegie gouvernementale, pourrait, malgré leur mésentente quasi publique, constituer un recours intéressant alors qu’une partie de son entourage et des députés de la majorité le presse de remanier l’équipe de Matignon, sanctionnée comme jamais par l’opinion.
Trouver une solution pour La Redoute
Officiellement, Martine Aubry souhaitait rencontrer le Chef de l’Etat pour évoquer avec lui le dossier brûlant de La Redoute, menacée par un plan social visant quelque 700 postes, essentiellement dans la région lilloise. Dans la foulée, elle a d’ailleurs rencontré l’actionnaire de l’entreprise François-Henri Pinault accusé par les salariés de vouloir brader la marque pour investir dans le secteur du luxe, stratégie que l’élue nordiste a qualifié d’«inacceptable brutalité ». Une manière aussi pour Martine Aubry de marquer son empreinte à gauche et de faire montre d’autorité face au fatalisme ambiant, comme pour mieux contrebalancer aussi le sentiment d’indécision qui semble régner à Paris.
Quelles options se présentent à François Hollande et Martine Aubry à l’issue de cet entretien « secret » ? Tout d’abord, précisons que le Président est, pour l’heure, peu enclin à changer de premier ministre, malgré l’addition des contestations anti-fiscales qui font rage en Bretagne et ailleurs. Il faut dire que Jean-Marc Ayrault a annoncé, dès avril dernier, qu’il renoncerait à briguer un nouveau mandat à la Mairie de Nantes, ce qui le libère des prochaines échéances locales. En revanche, deux ministres ne cachent plus leurs prétentions pour les prochaines élections européennes (2014) : il s’agit de Pierre Moscovici (Economie) et de Vincent Peillon (Education). Deux portefeuilles prioritaires, certes, mais dont les espaces respectifs risquent de ne pas satisfaire les ambitions nationales de Martine Aubry qui, rappelons-le, ne voulait rien d’autres que Matignon en 2012.